Que l’humilité soit loi !

La saison estivale s’installe, et avec elle, une effervescence familière à notre Fédération. C’est un véritable bouillonnement d’énergie qui se déploie, puisque nous préparons le Championnat national de nos disciplines, avec la volonté d’offrir un événement de taille à nos affiliés.
Au cœur de cette dynamique, une polémique a récemment attiré mon attention et, je l’avoue, m’a faite sourire. L’annonce de l’introduction probable du Breaking et du Hip Hop dans les programmes scolaires d’éducation physique a fait bondir certains. J’ai été amusée par les commentaires virulents émis sur la toile, certains venant même de notables ! Mais cela fut également très révélateur : les personnes qui crient le plus fort à l’indignation sont souvent celles qui ne savent absolument rien de ces danses, de leur Histoire, de leurs valeurs et de leur rigueur. Elles se contentent d’émettre des stéréotypes réducteurs n’ayant rien à voir avec la réalité.
Depuis près de trente ans, la FRMSAFH œuvre sans relâche pour une reconnaissance entière des danses urbaines et l’insertion professionnelle des pratiquants. Ce combat, nous l’avons mené avec détermination. A force d’engagement, nous avons contribué à changer les mentalités et gagné la confiance d’un public de plus en plus large.
Notre institution est investie dans le rayonnement du Maroc. Nos athlètes montent sur les podiums, nos équipes sont classées et notre drapeau flotte lors des grandes compétitions. Au-delà des médailles, nous sommes porteurs d’un état d’esprit : celui du respect, de l’écoute, du dépassement de soi et de la solidarité. Des valeurs que le Breaking et le Hip Hop incarnent avec force.
Non, ces danses ne sont pas un péril pour la jeunesse, ni une menace pour notre culture. Elles ne sèment ni le désordre, ni l’oubli des traditions. Bien au contraire, elles s’inscrivent dans une logique d’expression, de création, de lien social. Ceux qui les jugent au prisme de vieux clichés, devraient aller au fond des choses pour une fois…
Oui, notre pays a besoin de scientifiques, d’intellectuels, de parfaits polyglottes et d’ingénieurs. Mais il a aussi besoin de citoyens équilibrés, confiants, respectueux les uns des autres. Il a besoin de gens éveillés, capables de ressentir, d’écouter, de faire preuve d’ouverture. Et cela ne se cultive pas uniquement grâce à des manuels ou des équations mathématiques. Le geste artistique, le rythme partagé et l’intelligence du corps ont un grand rôle à jouer, qu’on le veuille ou non.
Voilà pourquoi je remercie profondément ceux qui chaque année se tiennent à nos côtés pour renforcer nos acquis ou viennent à nous avec zéro apriori. En revanche, à ceux qui s’offusquent bruyamment sans avoir jamais franchi nos salles, je dis ceci : soyez humbles. Soyez curieux. Soyez prêts à apprendre. Ne dédaignez rien, ouvrez-vous, c’est la voie de la sagesse ! Pour le reste nous sommes toujours prêts à expliquer, à former, à partager. Car notre vision demeure la même, bâtir un avenir où les danses urbaines auront toute leur place dans la paix et l’amour, deux autres crédos de cette culture.
Selma BENNANI
Présidente