Alicaments : mythe ou réalité

Présents sur nos marchés depuis pas mal d’années, les alicaments se targuent de soigner certains troubles de la santé ou de les prévenir. Qu’en est-il vraiment ?

Lorsque le terme est apparu dans les médias en début 2000, il a immédiatement capté l’attention. Formés des mots «aliment» et «médicament», les alicaments s’engageaient à nous débarrasser de nos affections digestives, à booster notre renouvellement cellulaire et même à ralentir notre vieillissement! Pour parvenir à ces résultats miraculeux, il fallait simplement se rendre en grande surface et y faire ses courses : Yaourts au bifidus, huiles au oméga 3 et 6, boissons vitaminées, céréales renforcées (…). Au fil du temps la liste s’est allongée avec des engagements de plus en plus audacieux, provoquant la consternation des professionnels de la nutrition. «L’alicament est un concept dans lequel on met tout et n’importe quoi aujourd’hui. Certes les aliments et les épices peuvent avoir un effet positif sur notre santé ou des vertus anti-inflammatoires mais on ne va pas soigner une hypertension artérielle installée et instable avec de l’ail, ni un cancer avec de l’aloe vera. C’est très dangereux d’émettre de telles affirmations»  insiste, Mounia Fekkaoui, médecin, nutritionniste et diabétologue. Pour la praticienne, une bonne nutrition est le point de départ d’une vie saine, grâce à elle on peut maintenir son organisme dans un état alcalin, réduire une douleur, booster son immunité; Au-delà on empiète sur le champ médical et c’est plutôt risqué.

Un marketing qui ne part pas de rien…

Si l’on penche sur la composition nutritionnelle des alicaments, on ne peut nier la présence d’actifs en eux. Oui, le bifidus est une bactérie bénéfique existant dans le microbiote intestinale. Oui, il contribue à la digestion, raison pour laquelle il a été rajouté à nos laitages (…). Toutes ces informations sont correctes et facilement vérifiables,  mais d’un ces composants ne sont pas à même de vous soigner ; De deux leurs quantités dans les yaourts, jus, compotes, biscuits ne sont pas assez élevées pour marquer la différence. «Le dosage est important, la qualité de l’actif aussi ! Sommes nous entièrement sûrs que les molécules utilisées pour enrichir des huiles, des boissons ou des yaourts vendus en grandes distributions soient les meilleures?» interroge-t-elle.

… Mais du marketing quand même

L’ajout de bifidus ne peut en aucun se substituer à un traitement médical en cas de pathologie, ni endiguer une prédisposition génétique aux maux intestinaux.  Idem pour les autres produits. Un individu ayant un problème de cholestérol ne pourra pas redresser la barre en ne faisant que manger du beurre enrichi aux lipides végétaux. Il lui faudra nécessairement un régime supervisé par son médecin, du sport et quelques fois la prise d’un traitement. «Concernant les fameuses huiles aux phytostérols par exemple, il est important de préciser les quantités autorisées  afin de ne pas saturer l’organisme ou provoquer des effets indésirables». Les choses seraient en fin de compte beaucoup plus complexes que ne le suggèrent les affiches publicitaires.«Le danger c’est de faire croire qu’une denrée alimentaire vendue au super marché est suffisante en elle-même pour traiter une condition physique/biologique/physiologique nécessitant un protocole médical» ajoute la nutritionniste.

Conclusion?

Etre en bonne santé implique plusieurs choses : Un régime sain, de l’exercice physique, des contrôles médicaux, le recours à des aliments naturels et bios autant que faire se peut, mais en cas de pathologie la prise d’un traitement adapté sous supervision du médecin est impérative. Le reste est (et demeurera !) un sympathique complément dont vous avez la possibilité de choisir l´arôme…