«Mes états d’âme passent pas la piste de danse»
Casablancais pur jus, Fouad Ambelj est une star dans le milieu du Breakdance national et international. Vivant en Autriche depuis maintenant 5 ans, le Champion du monde 2018 officie actuellement dans la dream team du Red Bull BC One All Star. Entretien.
Il a beau être extrêmement talentueux, Fouad Ambelj n’en demeure pas moins quelqu’un de modeste. Parti de rien, celui que l’on surnomme Lil Zoo s’en est sorti par ses propres moyens mais a su garder la tête froide. Workaholic acharné, le danseur professionnel a conservé la même soif d’apprendre qu’à ses débuts et une authentique envie de dépassement!
Comment avez vous atterri dans le Breakdance ?
Un jour, je me suis retrouvé dans un espace ouvert avec plein de jeunes de mon âge, parmi eux il y avait un groupe qui courait pour s’échauffer. Intrigué, je les ai suivis. On s’est mis à discuter et dans la foulée j’ai appris qu’ils étaient danseurs de Breakdance. Je ne savais pas exactement ce que cela signifiait, mais je leur ai dit que je dansais aussi (rires). Ils m’ont proposé de m’entrainer avec eux et ce fut mon premier contact avec un univers qui est devenu ma plus grande passion.
Une passion dont vous vivez aujourd´hui…
En effet! Après avoir remporté plusieurs compétitions, j’ai finalement été sélectionné par Redbull comme danseur professionnel. A présent je collabore avec eux sur des workshops et des tournois internationaux. Je n’aurais jamais imaginé à mes débuts, que ma carrière prendrait un tel essor ni même qu’un jour je vivrais dans un pays autre que le mien pour y pratiquer le Breakdance.
D’une simple rencontre vous vous êtes découvert de réelles capacités au point de vous professionnaliser. Comment passe-t-on de ça à ça ?
Vous savez, je n’ai rien planifié, rien calculé. Ma seule préoccupation à l’époque était de pouvoir danser et améliorer ma technicité. J’aimais ce que je faisais. Le Breakdance représentait la seule chose que j’avais réellement choisie dans ma vie. Il symbolisait pour moi une forme de liberté. Je le voyais comme une thérapie qui m’aidait à canaliser mon énergie. Lorsque quelque chose me dérangeait je l’exprimais sur la piste de danse, quand j’étais heureux cela se voyait dans mes chorégraphies. Mes états d’âme, mes questionnements et mes rêves passaient par la danse. A mon sens, c’est ce qui m’a permis de gravir les échelons.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le Breakdance ?
Probablement le fait que ce soit plus un Art qu’un sport. Il en appelle à notre créativité, à notre originalité. La technicité ne représente qu’une partie de la performance. Le plus important c’est ce qui vous distingue d’un autre danseur, votre personnalité. Vous devez faire corps avec la musique, transmettre de l’émotion à ceux qui regardent et inspirer une liberté quasiment aérienne par vos mouvements.
Vous êtes reconnu par vos pairs aussi bien au Maroc qu’à l’étranger, à quoi aspirez-vous à présent ?
Quand on fait ce métier, on ne peut pas se relâcher. Il faut constamment être à la recherche du progrès, se dépasser en restant humble. Je pense avoir encore beaucoup à apprendre et à améliorer. J’aimerais remporter d’autres tournois mais ce qui m’importe surtout c’est d’inspirer les jeunes marocains qui ont envie de se lancer. Chaque fois qu’un danseur professionnel de chez nous se distingue à l’international, il leur ouvre la voie un peu plus. C’est très présent dans ma tête et j’y travaille activement.
Que voulez-vous dire à ces jeunes justement ?
De ne jamais arrêter de croire en eux et de tourner le dos aux critiques stériles. Pour arriver il faut se donner à fond dans ce que l’on entreprend, se focaliser sur ses objectifs et tracer sa route. En dernier lieu, gardez à l’esprit que votre succès et celui du pays sont étroitement liés. L’un des avantages du Breakdance, c’est que vous n’avez besoin de personne pour vous démarquer hormis vous-mêmes. Alors battez-vous !
Le Breakdance va officiellement faire son entrée aux JO de Paris en 2024, qu’en avez-vous pensé ? Que doit faire le Maroc pour multiplier ses chances.
La culture du Breakdance est immense et elle va continuer à grandir. Cette représentation aux prochains Jeux-olympique en est la preuve. Concernant le cas du Maroc, je pense que les instances et commissions en charge doivent encadrer les jeunes non seulement pour qu’ils obtiennent de bons résultats lors des JO mais surtout afin qu’ils n’aient plus besoin de s’expatrier à des fins professionnelles. Que l’on puisse enfin avoir une équipe marocaine performante, basée dans son pays et non pas éparpillée aux quatre coins du monde.