Natif de la Ville Ocre Mohamed Igouramane alias B-Boy Simo Croc a un long parcours à son actif. Basé en France, le danseur est sur tous les fronts du breaking. Portrait !
Enfant Simo Croc se rêvait en star du ballon rond et passait le plus clair de son temps libre à jouer au football. Le Breaking pour lui, c’était cette danse pratiquée par ses deux frères et dont il n’avait qu’une vague idée. Un jour pourtant il décide de céder à leurs «avances» et de s’essayer à quelques figures avec eux. «Mon ainé avait insisté et je ne pouvais rien lui refuser. Les mouvements n’étaient pas simples mais les contorsions ne me posaient aucun problème» raconte le danseur professionnel. Au fur et à mesure, il se découvre de véritables aptitudes et commence même à aimer ça. «Dans le milieu on dit que le Breakdance choisit ses adeptes et non le contraire. C’est vrai. J’ai appris très vite, à croire que j’étais taillé pour la danse».
Motivé par la pratique, Simo Croc se met à suivre ses frères sur les pistes improvisées et à répéter sur les morceaux à la mode. Le début des années 2000 offre d’ailleurs un large choix de tendances et de rythmes aux Breakdanseurs. «C’était devenu une passion. On ne pouvait plus m’arrêter, chaque fois que je voyais un enchainement ou un power move j’avais envie de le reproduire et d’y ajouter ma touche personnelle. Vers 2004 mon grand frère a tout arrêté, tandis que mon cadet s’entrainait de moins en moins. J’étais le seul a avoir gardé le rythme. Chaque jour après les cours, je retrouvais des amis pour danser».
Plus loin, plus fort
Simo Croc ne ménage pas sa peine. Il en veut! Ses aptitudes lui permettent d’intégrer des groupes de breaking ultra fermés à Marrakech. Au bout d’un moment, un crew se forme entre les jeunes les plus doués de la place et voilà notre B-Boy enrôlé pour disputer des battles un peu partout dans le pays. Team Crew Elmouwahidine, se fait connaître ici et là par son style et l’énergie de ses membres. En 2009, la formation se met en tête de participer à un championnat en Russie. Malgré les difficultés à trouver des contacts sur place et à obtenir des visas, l’équipe parvient à se frayer un chemin jusqu’à Moscou où elle obtient un bon classement «A l’époque il y avait énormément de rivalités entre les danseurs. Chacun était jaloux de ses contacts et refusait de partager ses informations avec les autres. Ça ne nous a pas stoppés pour autant. On a persisté et on s’est retrouvés à breaker en Russie avec les meilleurs danseurs de la planète». S’étant distingué par ses chorégraphies, Simo Croc est sollicité dans d’autres compétitions et obtient des CDD dans plusieurs villes du monde.
Sa réputation solidement assise lui vaut aussi d’être sélectionné comme membre de jury et animateur de workshops à l’étranger. Pour les besoins de sa carrière, le jeune B-Boy finit par s’installer en France où il officie sous plusieurs casquettes. «Je donne aussi des cours de Breaking aux juniors. C’est ma manière à moi de transmettre ce que je sais. Certains d’entre eux finiront par devenir des danseurs de haut niveau un jour et ce sera magnifique d’y avoir contribué». Un altruisme artistique qui entre totalement dans l’esprit du Breakdance. Les plus expérimentés guident les novices jusqu’à ce que ces derniers soient en mesure de développer leurs propres signatures et ainsi de suite.
«La vie d’un breakdanseur est loin d’être facile. Il faut se lever de bonne heure pour se faire un nom. Beaucoup d’entre nous sont dans l’obligation de quitter leur pays s’ils veulent réussir et de travailler dix fois plus mais le jeu en vaut la chandelle» affirme celui qui a un jour troqué son ballon de foot contre un groove sûr et des enchainements très originaux.