Conséquence directe du stress au travail et du surmenage, le burn-out peut avoir notre peau si l’on n’y prend pas garde. Comment éviter de toucher le fond ?
Le burn-out est le dernier stade de fatigue et d’anxiété auquel une personne peut être confrontée dans son milieu professionnel. «Psychologiquement à bout, elle devient insomniaque, n’éprouve plus aucune motivation à se rendre à un travail devenu toxique, souffre de troubles alimentaires, de palpitations, vertiges et parfois même de problèmes dermatologiques» explique Chaïnaz Mokhtari, Psychologue Clinicienne et Psychothérapeute. Pour la spécialiste, tous ces symptômes sont des manifestations du corps et de l’esprit. Un moyen pour eux d’exprimer l’état d’épuisement et de détresse dans lesquels ils se trouvent.
Métiers anxiogènes, rapports difficiles avec la hiérarchie ou les collègues, harcèlement moral, manque de temps pour soi sont autant de raisons pouvant mener au burn-out.
Ce dernier, même s’il est exclusivement lié au travail, finit par se répercuter sur d’autres aspects de la vie. L’individu n’arrive plus à entretenir des relations harmonieuses avec sa famille ou son partenaire, commence à manquer de confiance en lui et évite les interactions sociales (…). «Depuis que nous sommes entrés en phase de télé-travail, il y a encore plus de cas observables. Avant on finissait sa journée de bureau, on rentrait chez soi, on allait au sport ou au café, il y a avait une rupture bienfaisante qui permettait de se détendre. Aujourd’hui, c’est différent. Le fait d’exercer depuis la maison a repoussé (négativement) certaines limites. Les gens sont presque sollicités de manière continue. Il y a eu de nombreux abus et cela s’est directement répercuté sur la santé des employés» énonce la praticienne.
Enquêter sur soi-même
Face aux jours qui passent et au cours desquels le stress croît de manière exponentielle, la machine finit forcément par céder avec ce que cela implique comme malaises et dérive émotionnelle. « Vous savez, la terminologie anglaise burn-out désigne quelque chose qui brûle au fond de soi et dont la sortie est inéluctable. C’est une maladie à part entière qui doit être prise très au sérieux» reprend-elle. Raison pour laquelle il est important de rester à l’affût et de s’auto-observer pour en déceler les signes. Le cercle proche serait lui-aussi un bon indicateur de notre état de santé et de ses variations. Etant ceux qui nous fréquentent le plus, parents et amis sont en mesure de remarquer que quelque chose ne va pas «Il ne faut pas hésiter à aller vers eux et leur demander s’ils ont constaté un changement négatif. S’ils émettent des remarques, ne surtout pas prendre leur feedback comme un jugement» insiste-t-elle. Dans le cas où le burn-out se précise, l’individu doit passer à l’étape supérieure et recourir à un professionnel doté d’une vraie force d´écoute.
On lève le pied!
Devant l’impuissance et l’extrême fatigue ressentie, une solution : se poser! Ne pas se braquer, ne pas continuer de tirer sur la corde, mais prendre le temps de se relever, d’analyser ses besoins immédiats. Rien ne sert de jouer des coudes pour maintenir un rythme. «Le spécialiste va soumettre le patient à un arrêt de travail pour une durée comprise entre 2 et 3 mois par exemple afin qu’il puisse réellement se reposer. C’est le moment de dormir, de faire de l’exercice physique, de se réalimenter correctement et d’enfin prendre le temps pour soi». Dans une société proactive cela peut être déroutant, mais en vérité le seul moyen de s’en sortir c’est…de tout arrêter, de mettre (temporairement) de côté objectifs professionnels et carrière pour se focaliser sur soi. «J’encourage alors mes patients à comprendre comment ils en sont arrivés là. C’est aussi l’occasion de se poser les bonnes questions : Est-ce que j’aime mon travail ? Qu’est-ce que je veux faire ? Quel type de relations ai-je avec mes collègues ? Suis-je en proie à une forme d’insécurité qui me pousse à me rabaisser face aux autres ?» exhorte la psychologue.
Autant d’interrogations qui peuvent aider à «détoxifier» notre mode de pensée et à nous remettre sur les rails de ce que nous voulons ou nous ne voulons plus. Un peu comme un éveil de conscience. «Il serait judicieux de se servir de son expérience pour changer la donne, revoir son mode de fonctionnement et repartir de l’avant une fois que l’on est sur pieds. A chaque chose malheur est bon!» conclut la praticienne. En effet…