Jeune intermittent : recommandé pour tous ?

Par Mohamed Adahchour, Médecin Nutritionniste

Le jeûne intermittent est devenu une approche populaire pour la gestion du poids et de la santé globale ces dernières années. Mais, est-il adapté à tous ?

Il s’agit d’une approche qui alterne entre des périodes de jeûne et de prise alimentaire. Il a eu un regain d’intérêt ces dernières années notamment pour ses vertus en termes de santé métabolique et son action positive sur la perte de poids. Il existe différents types de jeûne intermittent : Le jeûne 16/8 qui consiste à jeûner pendant 16 heures et à manger pendant une fenêtre de 8 heures chaque jour. Le jeûne 5/2 implique pour sa part la consommation normale de calories pendant cinq jours de la semaine, suivie de deux jours de restriction calorique sévère (environ 500-600 calories par jour seulement). Le jeûne en alternance : Comprend des jours de jeûne complet alternés avec des jours où l’on mange normalement. Enfin le jeûne spontané se produit lorsque quelqu’un saute occasionnellement des repas sans suivre un schéma spécifique.

Les bénéfices potentiels du jeûne intermittent :

– Perte de poids : En restreignant la période d’alimentation, le jeûne intermittent peut aider à réduire l’apport calorique quotidien et permettre une perte de poids plus ou moins considérable.

– Amélioration de la santé métabolique:  Certaines études suggèrent que le jeûne intermittent peut améliorer la sensibilité à l’insuline, réguler la glycémie et réduire  le risque de développer un diabète de type 2 ou une insulino-résistance.

– Autophagie: Le jeûne intermittent peut stimuler l’autophagie, un processus cellulaire de nettoyage et de régénération.

Néanmoins…

Malgré ses avantages, cette pratique alimentaire n’est pas compatible avec tous les profils. Il s’agit notamment :

Des femmes enceintes ou allaitantes: le jeûne intermittent n’est généralement pas recommandé pendant ces périodes cruciales. L’apport en nutriments et en énergie ne peut généralement pas être couvert par le modèle alimentaire décrit, ce qui pourrait affecter la santé de la mère et du bébé.

Des personnes souffrant de troubles de conduites alimentaires (boulimie, hyperphagie ,..): avec son schéma trop restrictif, le jeûne intermittent risque d’aggraver les symptômes et compliquer davantage la prise en charge.

Des personnes âgées : Avec l’âge, les besoins nutritionnels varient et le jeûne intermittent est susceptible entrainer des carences, ce qui serait dangereux pour ces sujets.

Des personnes sous médication : Certains médicaments nécessitent une prise alimentaire régulière pour assurer leur efficacité. Le jeûne intermittent risque d’interférer avec cette nécessité.

Des personnes souffrant de problèmes métaboliques : Les individus atteints de diabète ou autres problèmes métaboliques doivent surveiller attentivement leurs apports alimentaires. Le jeûne intermittent peut ne pas être adapté sans un avis médical, particulièrement chez les diabétiques insulino-dépendants.  

Des personnes sensibles au stress : Le jeûne intermittent peut créer un stress physique et mental, ce qui risque d’être contre-productif pour ceux qui y sont déjà sensibles.

Des personnes ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires : Le jeûne intermittent peut influencer les niveaux de lipides sanguins et la tension artérielle, ce qui deviendrait problématique. Le jeûne intermittent reste une pratique alimentaire intéressante pour la gestion du poids et des problèmes de santé métabolique mineurs. Néanmoins il faut prendre quelques précautions avant de se lancer dans l’aventure surtout si elle est prolongée et une visite médicale de routine est fortement recommandée pour s’assurer de l’absence d’une éventuelle contre-indication.