Les réseaux sociaux motivent-ils à faire du sport ?

Les réseaux sociaux motivent-ils à faire du sport ?

Entre élan sportif et pression sociale, les réseaux sociaux occupent une place centrale dans notre rapport au sport. Mais nous poussent-ils vraiment à bouger ou seulement à vouloir bien paraître?

Impossible aujourd’hui d’ouvrir Instagram, FBK ou YouTube sans tomber sur une vidéo de fitness, une routine matinale de remise en forme ou un avant/après spectaculaire. À grand renfort de leggings branchouilles, d’abdos sculptés et de smoothies protéinés, les influenceurs et influenceuses sport deviennent les nouveaux coachs de notre génération. Seulement cette avalanche de contenus incite-t-elle vraiment à faire du sport, ou crée-t-elle simplement une illusion de mouvement ?

En apparence, le phénomène semble positif. Selon une étude menée par l’Institut CSA en 2023, 42 % des 18-34 ans affirment que les réseaux sociaux les ont incités à se (re)mettre au sport. Une autre enquête de RunRepeat indique que près d’un utilisateur sur deux suit au moins un compte lié au fitness, au bien-être ou à la nutrition. L’accès gratuit à des tutoriels, à des programmes d’entraînement ou à des conseils en ligne facilite indéniablement la pratique pour les débutants comme pour les initiés. TikTok, avec ses formats courts, rend le sport plus accessible et fun, tout en cassant l’image élitiste de la salle de gym.

Mais derrière ces posts motivants se cache aussi une pression sociale bien réelle. Le culte de l’apparence, omniprésent sur les réseaux, peut transformer la pratique du sport en une course à l’esthétique plus qu’au bien-être. Le corps « fit », musclé mais mince, devient un idéal normé à atteindre. La motivation cède parfois la place à la comparaison, à la culpabilité, voire à des comportements malsains. Selon un sondage OpinionWay pour myProtein (2022), 64 % des jeunes femmes ressentent une pression physique liée aux réseaux sociaux.

Le sport devient alors un outil de conformité plus qu’un choix de santé ou de plaisir. Même les produits dérivés – vêtements, compléments, équipements – participent à ce système. On ne court plus pour soi, mais pour être vu courant, postant ses performances et sculptant un corps « Instagrammable ».

Une mouvance à double tranchant, semble-t-il, puisque ces vidéos et leurs auteurs démocratisent la pratique, la rendent plus visible mais imposent aussi des standards inatteignables. Reste à chacun de redéfinir ses propres raisons de bouger, loin des filtres et des likes.