C’est l’une des affections les plus dangereuses liées à l’assimilation du sucre par l’organisme. Comment se manifeste cette résistance et surtout comment la contrer ? Le point avec Mohammed Adahchour, Dr en nutrition clinique et sportive.
Peu abordée dans les médias, la résistance à l’insuline est une anomalie pancréatique grave ayant de nombreuses conséquences sur le corps et son fonctionnement. Prédisposition héréditaire, mauvaise hygiène de vie, dérèglement hormonal (…), les causes peuvent être multiples mais fort heureusement il est possible de maitriser la chose. Explications.
Comment définir la résistance à l’insuline et à quoi est-elle due ?
Avant de parler de la résistance à l’insuline, il faut tout d’abord expliquer ce que c’est l’insuline.
Il s’agit d’une hormone produite par le pancréas qui facilite l’entrée du glucose apporté par l’alimentation dans les cellules afin d’être utilisé comme source d’énergie (la clé de la porte d’entrée en quelque sorte). Elle est extrêmement importante pour le fonctionnement physiologique normal du corps humain puisqu’elle aide à réguler plusieurs processus biochimiques vitaux. Chaque fois que le taux de sucre augmente dans le sang (après un repas), la sécrétion de l’insuline se produit rapidement pour faire revenir ce taux à une valeur normale (comprise entre 0,70 et 1g par litre de sang).
Une autre notion importante à connaître, est l’indice glycémique des aliments ou (IG), il s’agit du degré et la rapidité avec laquelle un aliment donné fait augmenter le sucre dans sang. Plus un aliment a un indice glycémique élevé plus, il fait augmenter le taux de sucre rapidement dans le sang et plus la sécrétion de l’insuline est importante.
La résistance à l’insuline se produit lorsque les cellules, musculaires, adipeuses et hépatiques, ne répondent pas de manière normale à l’action de l’insuline. En gros elles n’ouvrent pas ou peu les voies d’entrée du glucose à l’intérieur d’elles. Ce qui entraîne une accumulation de glucose dans le sang. Au fil du temps, la résistance à l’insuline peut évoluer vers le diabète de type 2 et d’autres affections plus ou moins graves, si elle n’est pas traitée.
Comment se manifeste le trouble ?
Les symptômes de la résistance à l’insuline peuvent inclure une fatigue persistante, une prise de poids ou une difficulté à perdre du poids, une augmentation de la faim et de la soif, des fluctuations de la glycémie, une manifestation cutanée particulière qui s’appelle « acanthosis nigricans » c’est-à-dire assombrissement de la peau, généralement autour du cou ou des aisselle. Cependant, il est important de noter que la résistance à l’insuline peut parfois être asymptomatique. Un diagnostic précis nécessite des tests sanguins comme la glycémie à jeun, l’indice de Homa et l’insulinémie.
En plus des symptômes mentionnés, la résistance à l’insuline est également associée à des facteurs de risque tels que l’hypertension artérielle, des taux élevés de triglycérides, des niveaux bas de HDL (le « bon » cholestérol) et une augmentation de la graisse abdominale ou viscérale. Ces éléments peuvent contribuer à un tableau métabolique appelé syndrome métabolique, qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires et de diabète de type 2.
Est-ce héréditaire ?
La résistance à l’insuline peut avoir une composante héréditaire. Les facteurs génétiques peuvent contribuer à la prédisposition d’une personne à développer une résistance à l’insuline. Cependant, le mode de vie (alimentation, activité physique) joue également un rôle crucial dans son développement. Une notion importante à connaître, il s’agit de l’épigénétique qui veut dire que même si une personne a une prédisposition génétique à développer une maladie, les choix de vie ou l’hygiène de vie peuvent soit faire émerger la maladie ou la réprimer.
La contribution génétique à la résistance à l’insuline peut varier d’une personne à l’autre. Les études estiment que la génétique peut contribuer à environ 30 à 70 % du risque, mais ces chiffres peuvent varier selon plusieurs facteurs.
Quels sont les autres facteurs de prédisposition ?
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à la prédisposition à la résistance à l’insuline, notamment, les antécédents familiaux de diabète de type 2 ou de résistance à l’insuline. Le diabète gestationnel chez les femmes, l’obésité ou l’excès de poids, en particulier la graisse abdominale ou viscérale sont associés à un risque accru. La sédentarité contribue à la résistance à l’insuline, de même qu’une alimentation riche en sucres simples et en graisses saturées. L’âge aussi est un facteur de risque, ainsi que l’ethnicité puisque certaines populations comme les Afro-Américains, les Hispaniques… ont un risque plus important.
Il faut signaler le cas particulièrement important des femmes atteintes du Syndrome des Ovaires Polykystiques, qui présentent souvent une résistance à l’insuline sous-jacente.
Existe-t-il un traitement?
Le traitement de la résistance à l’insuline vise généralement à améliorer la sensibilité à l’insuline et à prévenir ou traiter les complications associées, comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Plusieurs approches sont utilisées conjointement et incluent :
- L’adoption d’un mode de vie sain
- Le suivi d’un régime alimentaire équilibré, personnalisé et qui fait la part belle aux légumes, fruits, céréales complètes, poissons, avec un minimum de produits d’origines animales…
- Une activité physique régulière pour stimuler la sensibilité à l’insuline et brûler le surplus en sucre.
- Éviter les pics de glycémie en espaçant les repas et en limitant la consommation de glucides raffinés qui ont un indice glycémique élevé.
En cas de symptômes avérés avec complications, certains médicaments peuvent être prescrits par le médecin traitant Ces derniers ont d’ailleurs largement fait leur preuves.
En termes de régime alimentaire serait-il possible d’être encore plus précis ?
Une fois le diagnostic de la résistance à l’insuline est posé, il est généralement recommandé, en premier lieu, d’adopter une alimentation équilibrée qui favorise la stabilité de la glycémie. On doit :
-Favoriser les aliments à faible indice glycémique qui libèrent le glucose plus lentement dans le sang, comme les céréales complètes, les légumes, les fruits frais et les légumineuses.
– Maitriser les portions et les parts de chaque groupe d’aliments dans son assiette et particulièrement les féculents.
-Privilégier les protéines maigres (les légumineuses, le poulet, poissons, œufs…), qui contribuent à réguler la glycémie et à favoriser la satiété.
– Choisir des graisses saines comme les graisses insaturées (oméga 3 et oméga 6) que l’on trouve généralement dans les avocats, les noix, les
oléagineux et l’huile d’olive.
– Limiter les sucres ajoutés et les aliments transformés.
En fin, Il est important de personnaliser l’alimentation en fonction des besoins spécifiques de chaque individu et selon les complications associées à la résistance à l’insuline.
Existent-ils d’autres risques liés à ce dérèglement ?
La résistance à l’insuline est un facteur de risque majeur dans le développement de plusieurs maladies, est l’un des principaux mécanismes sous-jacents au diabète de type 2.
Elle peut également provoquer indirectement des maladies cardiovasculaires telles que l’athérosclérose, l’hypertension artérielle et les maladies coronariennes.
Une autre manifestation importante de la résistance à l’insuline est la maladie du foie gras non alcoolique (NAFLD) qui se manifeste par l’accumulation de la graisse autours du foie, pouvant évoluer vers une maladie hépatique plus grave.
La résistance à l’insuline peut provoquer aussi une inflammation chronique dans le corps et contribuer au développement de maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer.
Jusqu’à quel point l’exercice physique peut contribuer à changer la donne ?
Lorsqu’on fait du sport, nos muscles utilisent le glucose comme source d’énergie, ce qui contribue à abaisser les niveaux de sucre dans le sang.
Les autres avantages du sport sont liés à la réduction du poids corporel, en particulier la baisse de le graisse abdominale, et à l’augmentation de la masse musculaire, ce qui peut également contribuer à une meilleure régulation de l’insuline.