Alors qu’elle nous avait habitués à des disciplines plutôt classiques, la Commission Internationale Olympique a décidé pour le coup de sortir de sa zone de confort en ouvrant la porte au Breakdance. Qu’implique une telle orientation?

L’information est tombée en fin 2019, faisant son «grand petit effet» dans le monde du Hip Hop. Assimilée à une belle victoire par les professionnels du Breaking, cette nouvelle symbolise surtout la reconnaissance d’une culture par l’autorité sportive suprême. «L’enjeu est immense. Il y a une volonté claire des décideurs de moderniser ce rendez-vous sportif et d’en rajeunir l’audience en incluant quelques disciplines «underground» à fort impact» explique Amine Wakrim, Responsable National du Hip Hop et Disciplines Assimilées.

Très motivé, notre homme estime qu’il s’agit là d’un tremplin pour les danseurs.  «Nous venons de gagner une nouvelle scène, et grâce à elle, le breaking bénéficiera d’une meilleure diffusion » insiste-t-il, non sans préciser qu’une telle opportunité implique des efforts conséquents. Ce n’est pas de la popularité du Breakdance dont il est ici question mais plutôt de sa capacité de structuration.  Comment cimenter le travail d’un demi-siècle et donner aux danseurs la même assise, les mêmes chances qu’aux autres sportifs ? La réponse tient en deux mots : Discipline et consolidation.

La rançon de la gloire

Pour la première fois de son histoire le Breaking sera évalué sous un prisme autre que la technicité des équipes.  Une organisation irréprochable conduirait à une représentation olympique pérenne au lieu d’un dommageable One shot. «Sans une structuration pointue nous perdons notre temps. Pour ce qui est du Maroc, la FRMSAFH a permis d’agencer les choses et de paver la route en mettant en place des compétitions nationales et internationales, cela dit elle doit aujourd’hui passer au renforcement de ses acquis». Entendez par là : la création d’un système de qualifications nationales, puis régionales, l’élaboration d’un programme de préparation physique, technique et psychologique des sportifs pour accroître leur niveau parallèlement à un vrai soutien financier. « Notre pays a du potentiel. Il dispose de coachs, de formateurs, de jurys et d’athlètes brillants relevant de la Fédération. Nous devons à présent les encadrer et leur donner les moyens de participer à l’évolution du mouvement » recommande le responsable.

A des milliers de kilomètres d’ici, on se prépare avec la même passion. La France qui depuis les années 90 a vu ses danseurs s’imposer à l’international, s’active en tant que pays hôte et aussi comme équipe. Si le contexte actuel a mis de nombreux chantiers sportifs en stand by,  il n’a pas réussi à ébranler le rêve olympique.

Fondateur du Battle Pro, Zoubir Chhibi, franco-marocain, est d’avis que ladite structuration doit être en rapport avec la danse pure, les codes du Breaking et la performance. «Donnons à cette discipline la possibilité de briller sans la stigmatiser.  Il existe des critères sur lesquels les jurys sont généralement très vigilants ainsi que des systèmes de notation basiques, cependant le mouvement artistique en lui-même ne doit aucunement être bridé». 

De potentiels changements

Pour une adaptation au cahier des charges des JO, il est probable que les décideurs apportent quelques variantes liées à la logistique. Interrogé à ce sujet Amin Wakrim se veut rassurant «Je ne pense pas que la commission touchera aux fondamentaux de notre danse. Il y aura peut-être des modifications concernant le système de notation, le timing des battles et le nombre de passages effectués par les B-boys/ B-girls. Elle exigera éventuellement des danseurs une présentation plus sportive ce qui les obligera à être regardants quant à la préparation physique». Côté technique, l’expert table sur un statut quo,  tout en espérant une uniformisation de la règlementation lors des passages. Pour l’heure, il est encore trop tôt pour le dire, mais le Projet National Breakdance, lancé il y a un an et chapeauté par la FRMSAFH, veille scrupuleusement à ce que la sélection ne soit lésée en rien. Amen !

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