On a encore à l’esprit le style vestimentaire des rappeurs entre 1980 et 1990. Des décennies plus tard que reste-t-il des fameux baggys, shirts oversize et accessoires bling bling ?
S’intégrant au mouvement de contestation de l’époque, la mode Hip Hop a su refléter le feeling de ses adeptes. Aux antipodes des coupes classiques, les vêtements urbains voulaient véhiculer un message, une prise de position. Ample et colorée la Big Fashion, pour reprendre l’expression des artistes, n’était pas faite pour passer inaperçue. Elle était un signe de reconnaissance en provenance de la rue.
Que fallait-il voir derrière ces jeans géantissimes portés sans ceintures, ces sweaters frôlant les genoux et ce trop plein de brillant ? Hé bien beaucoup de choses ! Un hommage aux ascendants noirs réduits à l’esclavage. Une pensée pour les frères condamnés à mort à qui l’on retirait leurs ceintures dès qu’ils arrivaient en prison. Un tribut aux enfants du ghetto contraints de porter les habits trop larges de leurs ainés. Une allusion à l’or et aux diamants africains pillés sans relâche. La liste est longue! Repris au quatre coin du monde, le dress code hip Hop est devenu la norme au sein des populations marginalisées avant d’être repris par des classes plus favorisées. Cherchez l’erreur…
Place à un conformisme huppé
Face au succès des coupes Hip Hop, certaines marques de luxe ont voulu mettre leurs grains de sel (Vuitton, Gucci, Balmain) dans cette Big Fashion et s’attirer les faveurs des artistes internationaux. Résultat un changement de donne et de tenue.
«Aussi étonnant que cela puisse sembler, il n’y a plus vraiment de dress code. Les jeunes breakdancers s’habillent comme ils le veulent à présent. Les fans du style initial choisissent de porter les vêtements de l’époque, autrement ils s’orientent vers les outfits qui leur correspondent le mieux» explique Amine Wakrim, Responsable national du Hip Hop et disciplines assimilées.
Une tendance observable un peu partout y compris chez les professionnels du showbusiness. «La seule tendance qui est restée inchangée dans le breaking, c’est de danser avec les poches retournées pour signifier le manque de moyens des jeunes, autrement chacun porte ce qu’il veut» reprend-il.
Il est vrai que même dans les hautes sphères, des artistes comme Kanye West ou Jazzy n’hésitent plus à porter des costumes bien taillés ou des polos preepy sans que cela n’altère la fougue de leurs musiques. Idem pour les rappeuses, dont les garde-robes hétéroclites concentrent autant de tenues coutures que casual chic. Le HipHop s’embourgeoiserait-il un chouia? Impossible d’émettre un avis tranché sur ce point, cependant une chose est sûre : la mode suit l’évolution des esprits et découpe ses patrons sur les grandes lignes mondiales. Baggy pants hier, jeans ajusté aujourd’hui…le combat reste identique !
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